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Le Kasala, un art africain pour développer la confiance et l’estime de soi

Le problème majeur que je rencontre en donnant des formations et du coaching est lié à la confiance et l’estime de soi. Tant de personnes se dévalorisent et dénigrent les autres au quotidien.

Depuis des millénaires, la culture orale africaine dispose des rituels poétiques et musicaux qui valorisent les personnes. Ils agissent sur le subconscient et transforment l’être.

Jean_Kabuta-Kasala

Le professeur Jean Kabuta a été le premier à enseigner ‘’Le KASALA’’ en dehors de l’Afrique en enrichissant cet art oral africain par l’écriture.

Le mot ‘’KASALA’’ nous vient de la langue congolaise (Ciluba) mais le principe de se louer et de louer les autres se retrouve dans beaucoup de pays d’Afrique sous d’autres noms. Au Rwanda, nous l’appelons KWIVUGA.

Qu’est-ce que le KASALA ?

La Kasala est un texte de force et d’affirmation à travers lequel l’homme prend sa place parmi les humains. Il ne se met pas ni au dessus, ni en dessous des autres, il existe.

Dans beaucoup de cultures, il est proscrit de faire la louange de soi, c’est l’autre qui a ce droit. C’est le passant qui dit au fermier que son champ est magnifique.

Dans l’art oral africain, la proclamation de son propre Kasala renforce le cœur des autres. L’utilisation du ‘’Je’ qui est utilisé dans la cette pratique est accepté car c’est un ‘’JE’’ qui dépasse l’être.

C’est l’expression de notre appartenance à quelque chose de plus grand qui nous est commun.

Il y a plusieurs types de KASALA :

  • Kasala de soi (louer son courage, jouer un rôle brave face aux difficultés,…)
  • Kasala de l’autre (louer l’autre en exprimant son admiration et son amour)
  • Kasala de l’auto-dérision (se moquer de ses imperfections sans se détruire)
  • Kasala de l’ennemie (défier l’ennemie pour l’affaiblir et le vaincre)

Le Kasala ne peut se comprendre seulement de manière intellectuelle, c’est en l’écoutant ou en le lisant que l’on peut se faire une idée réelle.

Exemple du Kasala de soi : Le Kasala de Guillaume

Kasala Guillaume

(Vous pouvez l’écouter directement en cliquant sur l’image)

Les grands bénéfices du Kasala?

Les bénéfices du Kasala sont multiples mais dans cet article, je me limiterai aux bénéfices psychologiques du kasala de soi et le kasala de l’autre.

Le kasala de soi

Sur le plan psychologique, Anna Freud (psychanalyste et fille de Sigmund Freud) expliquait que face à un évènement douloureux, l’être humain souffrait deux fois:

 

  • Lors de l’évènement avec le choc qu’elle subie. Exemple : Annonce de la perte d’un travail! C’est le choc, la personne est sidérée et se sent rejetée.
  • Après l’évènement avec le sens qu’elle donne à son épreuve. Exemple : Après le renvoie de son travail, elle se dit qu’elle ne sera plus à la hauteur, qu’elle ne se relèvera pas. Si cet état devient permanent, c’est la dégringolade. Si par contre la personne retrouve des ressources en elle et se reprend en main, cette épreuve peut être le déclencheur vers un travail qui s’inscrit plus dans ses valeurs.

Anna Freud Psychanalyste

Anna Freud, psychanalyste 1970

Le Kasàlà de soi permet d’agir sur cette deuxième souffrance. La personne ne peut pas changer son renvoie du travail mais elle peut lui donner un sens énergisant. Dans ce cas de figure, le Kasàlà aura des vertus thérapeutiques.

C’est un raccourci à quelques années de psychanalyse

Le Kasala de l’autre

Sur la plan relationnel ou social, nous avons rarement l’occasion de dire en profondeur notre admiration pour une autre personne. En privé ou au travail, les remarques correctives sont plus courantes.

Nous avons tous les expériences des belles paroles qui sont dites lors d’un mariage ou d’un décès d’une personne qui nous est chère. Ce sont aussi des formes de Kasala qui renforcent et encensent l’autre.

Imaginez maintenant faire ce genre de déclaration à votre enfant, votre conjoint, un membre de votre famille, un ami ou un collègue avec des gens autour de vous. C’est un moment magique de partage et de reconnaissance mutuelle.

Le Kasala sera encore plus puissant s’il est exprimé à la première personne du singulier même si nous parlons d’une autre personne. Par ce principe, nous reconnaissons la part de l’autre en nous car nous sommes tous connectés.

Exemple de Kasala de l’autre : Le Kasala pour l’oncle André

Kasala Christine

Vous trouverez différents Kasala écrit dans le livre de Jean Kabuta que vous pouvez le commander directement via ce lien sur Amazon :

Grâce à l’art oral africain, nous pouvons à présent mieux saisir les propos de Nelson Mandela dans son discours d’investiture en tant que président après 27 ans de captivité :

Notre peur la plus profonde, c’est notre lumière. En laissant notre lumière briller, nous donnons incidemment aux autres la permission d’en faire autant. Lorsque nous sommes libérés de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres.

Laissez un commentaire en dessous de cet article et si vous avez des questions, je vous répondrai avec plaisir!

Image: Leigh Angel

  • Eliane

    27 mars 2015 at 10h26

    Bonjour Norbert,

    J’ai eu la chance d’entendre la semaine dernière sur le quai d’une station de métro à Paris ce que tu appelles un Kasala chanté. C’était magnifique. Un africain d’une cinquantaine d’années racontait sa vie, ses faiblesses, ses difficultés avec un voix chaude, profonde et claire. On y retrouvait toutes les errances de l’âme humaine… C’était énoncé avec une grande pudeur et une grande humanité… Cela m’a touché. J’aurais voulu parler à cet homme. Je ne l’ai pas fait. J’ai trouvé cela grandiose. Je me dis que le slam chez les jeunes peut s’approcher de cette évocation. Je pense que c’est puissant comme technique d’expression. Merci pour cet article qui trouve une écho en moi.
    à très bientôt,

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      Norbert Nsabimana

      30 mars 2015 at 16h11

      Chère Eliane, c’est tout à fait vrai que le SLAM est une forme moderne de Kasala! J’ai pris l’habitude de partager les moments magiques comme ta rencontre avec cet homme africain. J’ai eu la même expérience ne Algérie et ça a donné lieu à cet article : http://vivre-un-projet.com/coup-coeur-algrie-homme-redonnait-vie-arbres
      Quant au SLAM, je partagerai prochainement le SLAM de l’artiste Grand Corps Malade qui correspond exactement au Kasala. Merci pour ta réaction et à bientôt!

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  • Eliane

    27 mars 2015 at 10h27

    Un écho en moi…

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  • Renata

    28 mars 2015 at 11h08

    Très intéressant cet article, je ne connaissais pas du tout. J’ai beaucoup aimé le kasala de Guillaume.
    Pour moi c’est comme des prières, chacun fait ses propres prières (pratiquant ou pas). Comme une déclaration aussi, comme une poésie…

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      Norbert Nsabimana

      30 mars 2015 at 16h14

      Merci Renata, c’est en effet tout ça : déclaration, poésie et prière sans droit d’auteur puisque si une déclaration nous plait, nous pouvons la récupérer! Le monde en a tant besoin de nos jours.

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  • Anthony - S'il suffisait d'aimer

    28 mars 2015 at 15h01

    Merci pour le partage de ce trésor africain !
    Le plus formidable, c’est que ce qui peut sembler à première vue faire partie d’une culture “étrangère” nous rappelle au contraire à notre universalité, nous rapproche et nous unit en tant qu’êtres humains.

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      Norbert Nsabimana

      30 mars 2015 at 16h17

      Tout à fait vrai Anthony, finalement, l’humain finit par faire UN avec tous les autres et ceci montre notre interconnexion quelque soit la race, le sexe ou le niveau social. Nous retrouvons en chacun de nous, une part de l’autre! Merci pour ton message

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  • Chantal P

    28 mars 2015 at 18h53

    Merci Norbert pour cette belle découverte… découverte en tant que Kasala parce que tout cela résonne profondément en moi et cela m’est arrivé de faire faire un exercice similaire à mes élèves pour “louer” les belles qualités de l’autre comme dans mon article http://ambition-et-reussite.com/ma-malle-aux-tresors-sur-la-confiance-en-soi/ mais aussi de le chanter puis, ayant pris confiance, de chanter ses propres louanges face au groupe = acte d’humilité et de reconnaissance de ses valeurs car, dans notre culture, nous sommes plus prompts à critiquer ou reprocher que de dire à l’autre toutes les belles choses qu’il nous inspire !
    Les propos que tu rappelles de Nelson Mandela “notre peur la plus profonde est notre lumière” me font pense à “notre peur la plus grande est finalement la peur de réussir” parce qu’elle nous met face à nos responsabilités et on ne plus fuir sous X prétextes qui nous arrangent…

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      Norbert Nsabimana

      30 mars 2015 at 16h20

      Merci Chantal! D’accord avec toi pour la peur de réussir! Le Kassala offre justement ce raccourci qui connecte l’être à lui-même dans une vision qui intègre tout dans l’univers. Cette approche pousse justement à oser, oser, oser 😉 Pour aller au-delà de nos blocages provenant de notre moule social;

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  • Paul

    29 mars 2015 at 16h45

    Oui, nous “sommes tous un”. Chacun de nous est relié aux autres. Donc quand tu déclames une louange en “JE” lorsque tu parles d’un autre, tu parles en fait tant de lui que de toi que de nous.

    Wayne Dyer parle aussi de la puissance des deux mots suivants: “I AM” (“Je suis”).

    Il est formidable de voir que des traditions et cultures différentes parlent des mêmes choses.

    Il est intéressant de constater qu’elles exposent ces grandes vérités de la vie qui, pour certaines, n’ont pas encore été démontrées par la science (il en va ainsi également de la loi d’attraction par exemple: http://secretsdusucces.com/le-secret-revelation-de-la-loi-attraction-au-grand-public/), mais que l’on retrouve – sous une dénomination ou une autre – dans d’innombrables cultures.

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      Norbert Nsabimana

      30 mars 2015 at 16h24

      Hello Paul, nous disposons tous dans nos cultures, des outils qui peuvent propulser notre génération dans une compréhension nouvelle des êtres humains à la condition que nous les partagions à grande échelle et qu’une masse critique de personnes basculent dans cette compréhension. D

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  • Christopher L

    29 mars 2015 at 18h12

    Merci pour cet article très intéressant.

    J’aime beaucoup lire ton blog car j’y lis du contenu inédit que je n’ai pas eu l’occasion de lire dans d’autres livres et blogs.

    Le Kasala me semble être une technique puissante qui ressemble fortement à l’affirmation d’un Couet ou d’un Robbins (ou encore d’autres).

    Je ne doute pas de leur efficacité bien qu’il soit vrai que de nombreuses personnes rechignent à le faire étant donné que cette attitude (comme tu le dis) et différente de notre culture.

    Merci encore et à très bientôt !

    Christopher

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      Norbert Nsabimana

      30 mars 2015 at 16h34

      Bonjour Christopher, le plus délicat, c’est de s’autoriser à l’écrire et puis le déclamer! Pour beaucoup de gens, c’est contradictoire avec leur culture qui consiste à laisser l’autre nous définir. Pourtant, c’est en dépassant cette barrière que nous plongeons dans un océan de connaissance de soi et surtout dans la force d’assumer la responsabilité de son bonheur. Bien évidemment, il ne suffit pas de déclamer un Kasala, il y a tout un ensemble de conditions qui accompagnent cette pratique. Merci pour ton message

      Reply

  • Bonjour Norbert,

    J’adore cette phrase de Nelson Mandela. Elle est si puissante et riche de sens.
    Comme tu le dis si justement dans ton article on a peu l’occasion de dire à quel point on apprécie les personnes qui sont autour de nous.
    Écrire et lire un kasala peut sûrement être un beau cadeau à faire à une personne que l’on aime. Qu’en penses-tu?

    Merci pour tous tes articles

    Lili

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  • Van Binst Dominique

    9 avril 2015 at 10h29

    Bonjour Norbert, je reprendrai les mots de “Anthony” : Merci pour le partage de ce trésor africain! Le Kassala est, finalement, ce qu’il m’arrive de pratiquer dans mon quotidien, depuis ma tendre enfance…et qui ne me semble pas toujours bien perçu dans notre culture. Un Kassala de soi peut paraitre une forme d’égo…un kassala de l’autre nous fait parfois paraître “extraterrestre”! Néanmoins, je reste convaincue que c’est essentiel dans la relation “avec l’autre” …et “avec soi”. ça permet de se connaitre, de se découvrir, de se comprendre! Merci de m’avoir permis de mettre un nom sur cette pratique fondamentalement humaine!(dans “ce monde d’individualistes”) 😉

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      Norbert Nsabimana

      20 avril 2015 at 13h26

      Merci Dominique, heureux de te retrouver et de lire tes commentaires. C’est en effet simplement humain. L’égo en soi n’est pas mauvais car il a permis de grandes réalisations à travers de grands hommes. Le tout est d’en prendre conscience et de savoir le gérer! Ce n’est pas une tâche facile;-)

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  • Cathy

    4 août 2015 at 8h27

    Bonjour Norbert cet article me va droit au coeur, oser clamer ses qualités c’est les offrir au monde, et dire la personne unique que nous sommes. Peu de personnes font cela, mais lorsqu’elles y arrivent elle illuminent tout l’espace autour d’elles. En tant que statégiste en personal branding c’est le travail que je fais aujourd’hui avec mes clients qu’ils osent déclamer leur kasala.
    merci

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      Norbert Nsabimana

      9 août 2015 at 11h50

      Bonjour Cathy, je me réjouis que cette approche soit de plus en plus utilisé! Je ne savais pas que le personal branding faisait appel au Kasala mais après réflexion, ça a du sens! Je serais heureux d’apprendre comment tu l’utilises. Merci beaucoup pour ton feed-back.

      Reply

  • Asselas

    7 janvier 2016 at 21h30

    bonjour, Norbert
    faut-il une formation particulière pour animer une séance de kasala.
    Je suis coach professionnel.
    J’attends ta reponse

    Reply

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      Norbert Nsabimana

      8 janvier 2016 at 11h46

      Bonjour Asselas, oui, c’est en effet mieux d’avoir une formation mais en étant déjà coach professionnel, vous avez déjà beaucoup d’outils qui peuvent se combiner avec le Kasala. Je vous mets en contact avec une personne qui anime régulièrement ce genre d’ateliers. Pour ma part, mon agenda ne me le permet pas pour l’instant. La suite sera via e-mail! Bonne journée

      Reply

  • Florentine

    24 décembre 2020 at 18h40

    Le poème moi Kabuluku!
    C’est aussi un Kasala?
    J’adorerais relire ce texte!
    Je l’ai appris une fois à l’école.

    Reply

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